Forum en lien avec le jeu Nacridan
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Le prix spécial, vraiment ?! Génial, il est où le bon cadeau ?
Merci au fantastique jury et bravo à tous !
Cachée dans les bottes de lin
Née dans un petit village perdu au beau milieu des vastes champs de lin d'Earok, Perline avait grandi au sein d'une modeste famille d'artisans. Les pièces d’or n’abondaient pas mais le savoir-faire ancestral de cette famille était réputé dans toute la région, la vente d’étoffes et autres parures leur permettait de vivre correctement. La jeune elfe passait ainsi des journées entières à teiller, filer et tisser le lin, sa destinée était toute tracée, autant dire une vie d’ennui. Bercée par les merveilleux récits de marchands, caravaniers et autres aventuriers de passage, Perline rêvait d’aventures et de rencontres insolites, insouciante des dangers de ce monde.
Ce fut à la fin du mois de Fauchebrin qu’elle prit son envol… à dos de tortue géante, le voyage allait être long, très long. Et ce n’est pas les vieux caravaniers ratatinés à l’intérieur de leur carapace croisés sur le chemin qui le rendraient plus trépidant. Mais au fil des jours, le nombre de monstres grandissait et envahissaient les routes, certains parlaient même d’invasion finale. « Qu’importe, je serais à l’abri là-bas » pensa-t-elle, les yeux rivés sur les remparts d’Earok, la cité aux deux visages.
La révélation
Abandonnée à la tombée de la nuit dans la grande rue encore bruyante et bondée des marchands ambulants, Perline avait peut-être surestimé ses forces. Apeurée par tout ce tumulte, la petite campagnarde s’engouffra dans la première ruelle sombre et s’écroula, morte de peur et de fatigue. Seule et sans défense, les voyous ne tarderaient pas à la trouver et la manger toute crue, à moins que…
En rentrant tard de la chasse sur le chemin de l’hôpital, un rodeur la vit et bien que peu habitué aux révérences ne put se résoudre à laisser une demoiselle en détresse. En l’emmenant avec lui cette nuit-là, il ne savait pas encore que leurs âmes se lieraient passionnément.
A son réveil, Perline ne crut pas ses yeux, la salle où elle se trouvait était remplie de blessés couverts de sang, des prêtres s’afféraient autour d’eux, gesticulant et baragouinant des paroles incompréhensibles. Tous ces sortilèges ainsi que ce sang, ce remarquable sang, la fascinaient. Sans qu’elle s’en rende compte, elle reproduisit ce cérémonial à la perfection et une lumière aveuglante inonda la foule guérissant toutes les blessures. Une sensation étrange lui traversa le corps, sa magie venait de s’éveiller, les heures passées à tisser des objets magiques n’y étaient probablement pas pour rien. Dotée d’une telle habileté, Perline se devait de partir à la chasse soutenir les valeureux guerriers luttant contre l’invasion.
L’assombrissement
Hors de remparts, les monstres pullulaient et le travail de soigneur était très demandé, l’apprentie magicienne enchaînait les soins tout en évitant les coups. Ces combats acharnés la menèrent vers une noble dame drapée d’une robe blanche incrustée de rubis. La chasse en sa compagnie fut intense et plaisante mais les affaires avec les grands de ce monde la rappelaient en ville, et plus loin même au grand désarroi de tous ces compagnons. Une histoire de liste semblait-il mais la diplomatie, les paperasses et autres petites vengeances entre amis avaient le don d’emmener Perline dans le doux pays des rêves. S’enchaîner à de telles idées la laissait pantoise, elle préférait rester libre et sans fer.
La chasse reprit doucement mais quelque chose manquait à Perline, l’excitation des premières batailles étaient passée. Les monstres mordaient, griffaient, piquaient, et les plaies des combattants toutes les mêmes, pas de quoi affoler un fou. La jeune elfe s’ennuyait, il lui fallait du sang frais et il arriva avec une joyeuse bande de psychopathes. Les coups de dagues et de griffes pleuvaient dessinant dans la chair humaine des chefs-d’œuvre, le sang giclait et tourbillonnait, Perline admirait la scène sublimement atroce. Elle-même était encore marquée d’une estafilade, quelle ingéniosité fallait-il déployer pour panser ces plaies !
Bien que mortel pour ses compagnons, Perline n’arrivait pas à oublier cet affrontement et surtout ces écorcheurs. Derrière durant le combat, elle avait eu tout le temps de les observer et elle l’avait bien vu ce sourire imprimé sur leur visage, si semblable au sien.
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