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Acte I
- Voila qui fait 129 pièces d'or, dit le vendeur en faisant tomber les pièces une à une dans la bourse de cuir.
D'un hochement de tête, Felgar le remercia et, après avoir empoché l'argent, sortit sa cognée pour retourner couper du bois. Des boucliers, encore des boucliers, il commençait à en avoir par dessus la tête, mais bon fallait bien payer des remparts à leur beau village et les maçons ne travaillent jamais à l’œil.
La porte de l'échoppe de Fossaye s'ouvrit dans un grincement et Titekanay apparut, la mine grave et l'air pressé. Il tendit à Felgar un parchemin, avec un portrait assez mal dessiné dessus.
- Soyez vigilants, les rapports affluent sur ce type, dit-il. Un dénommé Pakpak. Il a volé les proies de plusieurs de nos groupes de chasse du Sud, avant de disparaître à chaque fois sans laisser de traces.
- Hé faites voir, faites voir, dit Theodule qui était aussi là pour vendre le fruit de son artisanat et dont les yeux de nain n'arrivaient pas à hauteur du parchemin.
- Euh, fit-il quand il eut le portrait entre les mains. Vous avez vu le gars au comptoir?
Ils tournèrent le regard vers ledit comptoir, et qui était occupé à discuter le prix d'un lot de carcasses avec le vendeur? Un humain qui portait une ressemblance plus que frappante avec l'homme du parchemin.
Un silence effaré tomba entre les trois compères, qui ne pouvaient pas croire au culot du bandit.
- C'est sûrement un piège! dit finalement Theodule.
- Un piège vraiment? dit Felgar, déjà prêt à chercher un moyen de fuir.
- Ouais, il entre dans la boutique, tout seul et sans défense, et quand on le suit, tous ses copains nous tombent sur le râble!
Ils réfléchirent un instant à cette possibilité.
- Mais c'est débile! s'énerva enfin Titekanay. On était DEJA dans la boutique!
- Mmm, t'as raison, concéda Theodule. C'est sûrement un piège plus subtil que ça. On y comprendra rien avant de l'avoir déclenché!
Empoignant le marteau de guerre accroché dans son dos, il rejoignit Pakpak au comptoir et toussa.
- Excusez moi, dit-il.
Quand Pakpak se retourna, il lui asséna un coup qui envoya le malheureux voler à travers la pièce jusqu'aux pieds de Felgar.
- A toi! beugla le nain.
Empoignant son arc d'une main rendue maladroite par des semaines d'artisanat, Felgar parvint à décocher une flèche qui acheva le bandit sans difficulté.
- Mmm, vraiment subtil, marmonna Theodule en collectant les pièces échappées de la bourse de l’assassiné.
Titekanay ramassa la flèche et la fourra dans le sac à dos de Felgar.
- C'était bizarre, mais bravo pour ton premier châtiment de bandit! Garde cette flèche précieusement, en souvenir.
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Acte II
Le lendemain, descendant sur Earok pour parfaire son éducation dans ses célèbres écoles, Felgar s'arrêta soudainement aux portes de la ville. Il venait d'apercevoir une silhouette sinistrement familière.
Il se frotta les yeux, se pinça le gras du bras, mais rien à faire, l'image ne disparaissait pas. Se tenant en plein sur son chemin, l'air torve et la dague encore souillée du sang des innocents, il y avait bien Arya, figurant en tête des têtes recherchées par la Garde Phénix. D'abord Pakpak, ensuite Arya. A croire que l'oiseau légendaire lui-même guidait ses pas!
Un saine colère remplit le coeur de Felgar. Non contente de voler les proies des Légendes, cette vile créature avait achevé jadis un de ses compagnons de chasse, un tout jeune aventurier déjà à l'agonie. Il n'avait pas de mot pour décrire la bassesse de la vilaine.
Qui plus est, elle ne s'était pas amendée depuis qu'ils s'étaient croisés: en cet instant où Felgar croisa sa route, elle était très occupée à tourmenter le malheureux Borh, nain du Clan de Nainkridhîn. Après avoir essayé de lui voler sa proie, et avoir misérablement échoué, elle s'en prenait maintenant à sa vie!
Avant même d'avoir pris le temps de réfléchir, Felgar se retrouva au sommet de la tour de garde, l'arc en main, attendant la tombée de la nuit. Il sourit en voyant Bohr échapper à son assaillante, la laissant une nouvelle fois le bec dans l'eau.
Enveloppé du manteau de l'obscurité, Felgar quitta bientôt sa cachette, courant de buisson en buisson jusqu'au campement d'Arya. Se relevant dans le dos de la brigande, il tendit son arc et y décocha une flèche remplie de colère.
Arya roula sur elle-même, mais pas assez vite pour éviter la deuxième. Elle réussit tout juste à empêcher la flèche d'atteindre un point vital.
- Fuis, misérable, cria Felgar à l'agonisante, les alentours d'Earok ne sont pas pour des êtres tels que toi.
Crachant jurons et menaces, Arya disparut dans la nuit, après avoir fait clairement comprendre qu'elle n'écouterait pas la voix de la raison.
Un peu déçu de l'issue de cette affaire, Felgar regarda la soleil se lever sur le théâtre de leur bataille. Et l'évidence le frappa. Il savait où retrouver Arya.
- Une dernière flèche, murmura-t-il.
Il retourna vers Earok, passa les portes sous l’œil sévère des gardes qui n'aimaient pas les escarmouches sur les terres du royaume. Il continua son chemin sans s'en soucier: après tout, s'ils n'arrêtaient pas un bandit comme Arya eux-même, ils ne servaient à rien.
En arrivant au temple, il la retrouva au seul endroit où elle pouvait être: avec les autres éclopés, dans la queue de ceux qui attendaient les service du prêtre guérisseur. Un vent de panique traversa la foule quand il se saisit de son arc au milieu du lieu sacré. Au moment de plonger la main dans son carquois, l'horreur glaça son cœur: il n'avait plus de flèches!
Après des semaines d'artisanat, il avait oublié la règle d'or de l'archer: toujours compter ses flèches. Maudissant son erreur, il se demandait s'il allait échouer si près du but, quand les paroles de Titekanay lui revinrent en mémoire.
Il tira de son sac la flèche ensanglantée qui avait pris la vie de Pakpak et l'encocha. Le tir fut superbe, le plus beau que Felgar ait jamais fait et Arya s'effondra enfin.
Les gardes ne tardèrent pas à venir arrêter celui qui se permettait d'abattre un brigand en plein temple, et Felgar se laissa emmener sans résistance. Mais un sourire insolent flottait sur ses lèvres.
Qui d'autre pouvait se vanter d'avoir fait d'une flèche deux bandits?
Dernière modification par Felgar (2014-02-16 11:22:54)
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Borh fils de Bohr écoutait distraitement les nouvelles que s'échangeaient les chalands à l'échoppe, tout en travaillant sur la prochaine cuirasse. D'un coup il dressa l'oreille à quelques noms familiers.
" Héhé, cette elfe mal embouchée a trouvé un adversaire à sa taille finalement. "
Il repensa en souriant aux échanges musclés qu'il avait eu avec Arya. Le combat avait été âpre, mais la conversation amusante. Il sorti sa gourde pour porter un toast à Felgar tout d'abord et à sa détermination, et un deuxième à l'elfe, malgré tout, en murmurant dans sa barbe :
" Bon rétablissement tout de même, en espérant qu'un peu de bois dans le fondement vous mette un peu de plomb dans la tête. "
Dernière modification par Madère (2014-02-16 13:00:00)
Borh, fils de Bohr du clan Nainkridhin
Tuiriel, elfe mal-commode
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