Forum en lien avec le jeu Nacridan
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Hello !
Figurez-vous que je me disais hier, "tiens, mais Nacridan, est-ce que c'est encore là ?" ; imaginez ma surprise (et ma joie - merci Adah !) de découvrir que i) oui, et que ii) on parle encore de ces textes !
Cela étant, je partage tout à fait la remarque de ZvZ : j'ai rédigé la majeure partie de ces petites descriptions il y a plus de dix ans, quand on y pense, et ils ont vieilli (leur auteur, lui, ne s'est pas forcément bonifié non plus... )
Quoi qu'il en soit, je comprends tout à fait que l'on puisse souhaiter, disons, améliorer ou corriger certains d'entre eux, et j'y suis par ailleurs très favorable dans certains cas, car toutes les blagues ne résistent en effet pas à l'épreuve du temps.
Je suis bien sûr disponible pour réécrire d'une manière plus neutre ceux des textes qui le demandent.
Anraud
Adah, I presume ?
Le projet est-il toujours en cours ? Le besoin de création de textes/background est-il toujours présent ?
J'ai l'impression que c'est un peu au point mort, mais peut-être est-ce parce que je n'ai pas accès à toutes les parties du forum...
"Anraud avait un cerveau qui travaillait vraiment de travers"
Je te rassure, c'est toujours le cas
Je suis soufflé par ton travail Okhral ! C'est absolument génial !
Je constate que j'arrive *un peu* après cette bataille (comme d'habitude, on dira), mais je tiens à dire que je soutiens totalement la proposition d'Okhral J'ai vu géopolitique, Role-play, guerre civile, j’adhère !
Par ailleurs, comme j'étais passé dans le but de reprendre et d'approfondir les descriptions des villes (assez indigent, maintenant que je m'y replonge), ça tombe bien
Eh bien, pour un nain, l'acte de création, surtout s'il peut rapporter de l'argent, est encore plus sacré que l'eau du lac. C'est à la fois la manière dont on s'améliore en tant que nain, et un moyen de se connecter aux dieux souterrains. D'ailleurs, pour les gens d'Embruns, le fait d'utiliser de l'eau sacré pour produire des artefacts, eux-même sacrés en tant qu'ils sont des actes de production à visée marchande, ne fait que rendre à la fois le lac et les industries encore plus sacro-saintes ! C'est parfaitement logique.
Bon, après, ceux d'Octobian ne sont pas forcément en accord : pour eux, le Lac ne devrait être utilisé que pour la production de la Bière (dont la consommation permet également de s'améliorer en tant que nain). On peut donc considérer qu'il y a au moins deux écoles de pensées, et qu'un nain d'Octobian serait légitimement choqué de voir un nain d'Embruns tremper sa hache dans l'eau du Lac Mais en même temps, il serait déjà furieux à cause de la couleur rouge et verte de la barbe de l'Embrunais.
Pas de soucis : c'est celui qui écris le premier qui gagne, j'adapterai mes éventuelles productions au courant actuel du RP
Haha, je ne pense pas pouvoir revenir cette année dans le jeu, mais je vais certainement passer dire bonjour à la taverne du Clan (une fois que j'aurais retrouvé mes identifiant ou créér un nouveau compte en désespoir de cause)
Hello,
En fouinant dans mes archives, j'ai retrouvé les descriptions de villages que je n'avais jamais posté ça sera peut-être utile.
Trollhaut
A quelque distance de la forêt du Bois-la-Pluie, le vieux bourg de Trollhaut est taillé dans les parois de calcaire friable de la gorge de la joyeuse Abondance. Sur les berges s'alignent de petites maisons proprettes aux toits de lauze, tandis que les falaises qui les surplombent sont festonnées de vastes demeures reliées entre elles par un écheveau de passerelles robustes et d'escaliers profondément taillés dans le roc. Traditionnellement, la population humaine vit à Trollhaut-le-bas, tandis que la majorité des trolls vivent à Trollhaut-le-haut. Les trolls, oui. Le bourg de Trollhaut fut en effet fondé par des vétérans de la Garde Verte de Marvin IV, empereur d'Artasse, en 625, au titre de récompense et de don perpétuel pour eux et pour leurs descendants. A faible distance des bois giboyeux du Bois-la-Pluie, au cœur des riches terres arables du Sud nacridan, Trollhaut jouit d'une position idéale qui fait bien des envieux. La longévité considérable des trolls, leur cuir épais et leur obstination proverbiale leur a permis de choyer la terre qu'il leur a été échue, bien après que l'Hegemon artassien n'ait succombé sous les assauts coalisés de l'ensemble des peuples de l'île. Strictement végétariens, les trolls ne pratiquent pas l'élevage (apanage des humains de Trollhaut-le-bas, qui vivent en bonne intelligence avec leurs grands voisins) mais cultivent de nombreux légumes considérés comme particulièrement délectables - la citrouille trolle et le panais charnu de Trollhaut sont célèbres dans toute l'île.
Ils collaborent avec une petite population naine, attirée par la qualité de la roche locale, pour brasser une excellente bière, la Cuvée des Hauts. La ville est gouvernée par un maire élu, sans considération de race, par le conseil des Anciens - à l'heure actuelle, c'est Grumbira Bach, autrefois sergent de la garde à Tonak, qui assume la charge de bourgmestresse. Enfin, du fait de la police efficace de la ville, assurée par des vétérans des gardes municipales*, Trollhaut est probablement le seul bourg de l'ile où races aînées et peaux vertes peuvent se fréquenter sans verser dans le bain de sang : un gobelin tient notamment la plus grande taverne du bourg, tandis qu'un couple d'orc s'est lancé dans la manufacture de cuirs ouvragés. De manière utilitaire, c'est également à Trollhaut qu'un aspirant maître du monde tendance maléfique peut entrer en contact avec une troupe de mercenaires peaux-vertes, sans y risquer sa peau. Trollhaut connaît chaque année une période d'affluence considérable lors des traditionnelles fêtes de la Zogrim, ancêtre révéré des trolls, qui durent une semaine, entre chants et danses traditionnelles, concours de lancer de haches, et grands banquets (végétariens).
* Bien qu'on plaisante volontiers (à bonne distance) sur leur intelligence limitée, les trolls sont notoirement fidèles à la parole donnée, et très efficaces pour le maintien de l'ordre, ce qui en fait des mercenaires solides.
Apparut
Apparut est l'un de ces bourgs qui semblent avoir été créé pour éviter de laisser du blanc en marge des cartes.
Non seulement il ne s'y passe jamais rien, mais en outre, il n'y a strictement rien à en dire. Aucun temple ancien n'y est construit, aucun personnage fameux n'y est né, mort, ou, semble-t-il, même passé. Il n'y a jamais eu la moindre bataille d'envergure dans ce coin paumé de l'île, et, selon toutes hypothèses, on n'y trouve pas plus de dragons que de beurre en broche.
Pour tout dire, une telle insignifiance est profondément suspecte. Les quatre principales religions de l'Ile y maintiennent donc à demeure une branche de leur inquisition respective (qui considèrent chacune des trois autres comme une hérésie à la face du Seul Vrai Dieu, ce qui a le mérite d'assurer l'ambiance en fin de semaine à la taverne du coin), de même que les ordres bénéfiques de l'île, de peur qu'un foyer de l'hérésie (on ne sait pas laquelle) s'y déclenche, ou que des créatures 'orribles du fin fond de l'espace-temps n'y soient invoquées par des villageois soumis aux Forces Obscures.
Néanmoins, interrogé sur le sujet, la porte-parole des susdites forces obscures, KrimOmbra, s'est exclamée : "Apparut ? Apparut ?! Vous plaisantez, qu'est-ce qu'on irait faire dans ce pays-là ? Il ne s'y passe jamais rien".
Il semble donc qu'Apparut soit éternellement destiné à l'insignifiance la plus absolue.
Embruns-sur-le-long-lac
Embruns revendique le privilège et l'honneur d'être la plus ancienne ville naine de Nacridan, avant même la sainte cité d'Octobian. Embruns proclame que ses murailles sont plus anciennes, ses nombreuses brasseries plus expertes, ses bars nains plus animés, et ses résidents plus batailleurs et grognons que n'importe quel autre nains de n'importe quelle autre ville, aussi bien sous que sur la terre. Cependant, Embruns ne dispose pas de mines correctes, et se trouve beaucoup trop prêt de l'eau pour être honnête, répondent la majorité des autres nains de l'île, et ils n'ont pas tort. Pour être typique de l'architecture naine dans ce qu'elle a de plus imposante (vastes demeures collectives aux parois vivement décorées, tavernes presque aussi nombreuses que ses habitants, et remarquable système défensif en étoile munis des rares foudroyants-vapeurs dont la rumeur suffit à disperser les armées les moins motivées), Embruns souffre aux yeux du reste du monde nain de sa tolérance suspecte envers les elfes. Depuis de très longues années, des marchands elfes se sont installés à Embruns, puisqu'ils ne pouvaient pas entrer à Octobian depuis l'édit d'Interdiction du thane Fulfrùm Humulusword (an 450). A force d'y demeurer, certains d'entre eux finirent par s'y installer, et même par adopter les coutumes de leurs voisins à la verticalité contrariée : la consommation de bière, et la forge, en particulier. On dit en particulier que la moitié des tavernes de la ville appartiendrait à des elfes, et même, mais c'est une rumeur qui n'a jamais été confirmée, à *une* elfe en particulier, que nous ne pouvons nommer ici, dans la mesure où Dame Adah a fermement démenti ladite rumeur*.
Le style d'Embruns en matière d'armes allie le robuste pragmatisme nain et la sensibilité artistique meurtrière des elfes, tandis que les nains d'Embruns se sont mis à se teindre la barbe de toutes les couleurs, en imitation des pratiques coutumières des elfes. Aussi bien les anciens d'Octobian que les nobles krimiens trouvent cette mode offensante et vulgaire, ce qui convient bien aux Embriniens, fiers de leur singularité. Ville industrieuse, Embruns tire profit des eaux du lac dans laquelle elle baigne pour alimenter ses forges hydrauliques et ses moulins à houblon, profitant de sa position privilégiée au cœur du protectorat nain pour exporter ses productions jusqu'à Marché-aux-Ducs au sud, et Octobian au nord.
* et par fermement, nous entendons : "menacé de [nous] mettre le feu à la barbe, faire [nous] battre à mort par des brutes et de [nous] interdire l'entrée dans les bars de la ville si nous répandions ces accusations mensongères encore une fois".
Super texte, Nuke, j'ai rigolé du début à la fin
Très probablement, Alicia, ce qui expliquerait son arrivée un peu tardive sur le champ de bataille : il était loin ^^
***Cache des Méchants, Neuvième jour de la décade de la Chouette Commerçante, datation d'Earok, lieu inconnu mais probablement dans les environs de Verprès***
Les cris réveillèrent Paul.
Attachés comme ils étaient, il n'avaient pas grand chose d'autre à faire que dormir. Combien de jours s'étaient-ils écoulés depuis l'attaque dans la ruelle sombre ? Paul se souvenait d'avoir vu tomber ses hommes en quelques instants, des bras puissants se refermer sur lui, un choc brutal contre son crâne, et puis, aussitôt le cachot puant.
Leurs geôliers ne parlaient guère. Il y avait des humains et des elfes parmi eux, mais guère plus loquaces que les gobelins qui semblaient grouiller partout. Tous, hommes comme peaux-vertes, portaient le noir uni de l'organisation. Patine commençait à craindre que Tonak l'ai simplement passé par perte et profits. Wilfried, le vice-président de la chambre, était un ami de trente ans, son bras droit le plus ferme, et, pensait-il secrètement, un sacré imbécile, mais... en politique, on ne savait jamais, n'est-ce pas ? Lui-même n'avait pas exactement pris le pouvoir sans casser quelques oeufs...
Le troisième jour de captivité, Blanc-Mesnil, profitant de ce qu'on lui avait délié les bras pour lui permettre de manger un mauvais quignon de pain noir, avait tenté d'assommer le gobelin malpropre qui leur tenait lieu de geôlier.
Elle en avait été pour ses frais : vigilantes, deux énormes brutes s'étaient jetées sur elle et n'avaient pas lésiné sur les coups. Quelques heures plus tard, l'homme-lézard prénommé Koril, prévenu, avait été clair : toute violence serait immédiatement rendue au centuple. Blanc-Mesnil avait été emmenée hors du cachot par les sbires de la créature. Aucun mot d'elle ni de son sort ne leur était parvenu depuis...
... Les cris... les cris résonnaient de plus en plus fort maintenant - certains semblaient humains. Ils étaient minoritaires. Le vieux politicien tendit fébrilement l'oreille. Était-ce le tintement de l'acier qu'il entendait ? Les cris semblaient venir vers eux. Quelqu'un passa en courant dans le couloir.
Un cor de guerre mugit quelque part dehors.
AAAAAAAAAAAAAAAoooooo.Un hurlement lui répondit aussitôt. Il n'avait certes rien d'humain. Il y eu encore des bruits de botte à l'extérieur du cachot. La porte s'ouvrit brutalement.
Kirol et d'autres hommes-lézards massifs entrèrent dans la pièce. Avant d'avoir eu le temps de s'expliquer, Paul Patine se trouva pris dans la poigne de deux colosses écailleux et brutalement arraché au sol. Les hommes-lézards chargèrent vers l'extérieur, sans prendre le temps de s'arrêter, Kirol en tête. Du coin de l’œil, Patine avisa plusieurs silhouettes sombres gisant sur le sol, au milieu de flaques plus sombres encore. Une bonne partie des torches étaient éteintes, comme soufflées par une course furieuse.
La petite troupe déboucha à l'air libre. Il faisait nuit noire, et des gobelins allaient et venait partout. Plusieurs d'entre eux s'affairaient à trainer des corps sur le sol.
Il y eu un instant de flottement dans les rangs des lézards. Patine put reconnaître brièvement qu'ils venaient de sortir d'un bâtiment à moitié en ruine, et au loin, brillaient des lumières : une ville, un village peut-être ? Il faisait vraiment sombre.Un lézard vêtu d'une cotte d'écaille arriva au rapport devant Kirol, qui le dominait d'une bonne tête. Il tenait un énorme marteau de guerre, manifestement maculé de sang frais. Patine tendait l'oreille.
- Alors, Ssstarskay ? interrogea âprement Kirol.
- Huit, bossss, des Artassiens sous leur masque de boue, répondit l'autre, sa langue bifide ponctuant vivement ses sifflements. Sssepts qui sssont morts, maint'nant, contre trois gob'ss à nousss et Ssesra qu'est blesssée. Ss'attendaient pas à tomber sur...Lui, bosss, ssa non ! Sssa leur a fait un choc comme qui dirait ! Ilss se sont tirés la queue entre les jambes juste pour tomber dans nos bras - on a eu qu'a les masssacrer sur place.
- Et le huitième ?
- Rien qu'un jeunot, bosss, fragile comme toutes les peaux-roses, vous en faites pass pour lui. Ils l'avaient laissé loin, avec leurs montures - il a prisss la fuite dès qu'il a vu ce qui est arrivé à sess copains. Mais vous en faites pas : ... Il est parti à sa pourssuite, ssa ne sera pas long.
-Hmmm... Kirol ress... resta, pardon, pensif un moment, puis fit claquer ses griffes l'une contre l'autre. Trop dangereux de resster ici, c'est. Si eux nous ont trouvé, d'autres le peuvent aussi. Rassemble les gars : on part dans l'heure vers les Montagnes.
- O.K., bosss. Ssstarskay hésita un instant. Et pour...
- Il saura bien nous retrouver qu'on le veuille ou pas, de toute fassson. Allez, va...
***Palais des Flammes, balcon des Basilois, Artasse, deux jours après l'enlèvement du Consul Jean Gagnon***
Au pied du Palais impérial des Mille Flammes, orgueil d'Artasse l’Éternelle, s'étend la Grand'Place des Légions, quadrilatère vaste assez pour accueillir l'ensemble des Légions de Fer, sous le regard altier des Quinze Rois de la Mer, couronnés de fer et de bronze, et des Vingt-Trois Empereurs du Sel et de la Terre, portant l'or et l'argent impérial, dont les statues de marbre bordent la Place, témoins muets de la grandeur éternelle de la Première cité des Hommes. Cents bannières écarlates claquaient au vent, et cent mille hommes en arme hurlaient le nom du Roi des Hommes avant de soumettre le reste du monde par le fer et le feu.
Evidemment, trois fois cents années se sont écoulées depuis la Chute d'Artasse. De nos jours, les statues arrogantes gisent au sol, décapitées par les barbares cupides d'Earok, les portes d'airain du Palais ont été abattues volées par les chiens sans honneur de Tonak l'Indigne, et entre les pavés disjoints de la place pousse ignorée l'herbe sauvage, que nulle botte cloutée n’écrase plus d'un pas martial.
Dans l'ancienne enceinte des remparts de la cité, on serait aujourd'hui bien en peine de trouver autant d'habitants que son armée comptait d'hommes au temps de sa grandeur, et les dirigeants d'Artasse règnent désormais par l'or et le poison, quand leurs empereurs faisaient trembler la terre et le ciel rien qu'en tirant l'épée. Pourtant, la crainte que les autres citées de l'île éprouve encore envers l'ancienne citée guerrière est intacte.
La disparition simultanée des dirigeants d'Earok, de Tonak et d'Artasse avait été rapidement prouvée, par des canaux officiels, et confirmée par d'autres, disons, de seconde main, c'est-à-dire par les espions. Chacune des grandes citées avait donc rappelé non sans soulagement ses forces militaires, juste à temps, dans le cas d'Earok et de Tonak, pour raccompagner poliment mais fermement aux frontières tacites de leurs royaumes respectifs des hommes d'armes envoyées par Djinn et Dust "non, mais juste pour vous aider, hein". Artasse quand à elle avait reçu un "non" clair et massif de la part de l'ensemble des représentants des citées quand elle avait proposée de mettre sur pied une Légion "mais juste une petite, allez".
De toute façon, Tonak et Earok ne disposent pas de forces armées digne de ce nom. Au plus pouvaient-elle compter sur leur guet respectif, des vétérans expérimentés de la Guerre des Démons, mais en petit nombre, et qui, la guerre des Démons ayant eu lieu vingt ans auparavant, commençaient pour certains à être plus vénérables que vétérans. Avec ça, une milice citoyenne, nombreuse certes, mais inexpérimentée. Bien entendu, lorsqu'on devait en arriver à la guerre, les seigneurs de Nacridan savaient où se tourner pour trouver des guerriers en abondance : partout où la misère (ou l'inconscience) poussait un jeune homme à partir sur les routes avec pour tout bagage l'épée rouillée de son grand-père.
Pour les autorités temporaires, il fallait quand même agir : les journalistes de toute l'île étaient sur les dents, et prenaient grand soin d'apaiser l'opinion publique en lui expliquant, sur quatre colonnes à la une, pourquoi il n'y avait vraiment absolument aucune raison de paniquer et de craindre, par exemple, que des assassin invisibles mutants payés par des Puissances Etrangères viennent les assassiner dans leur lit - "je n'ai jamais dit ça", déclara le surintendant de Tonak. Plusieurs émeutes de faible ampleur avaient eu lieu dans divers quartiers, on avait entendu des prophètes aux yeux fous et à la barbe grise et sale aller et venir dans les rues en prédisant la fin du monde à courte échéance, et des rumeurs horrifiques parlaient de veaux à deux têtes, de filles-mères que nul n'avait défloré, et de serpents à quatre pieds, qui marchaient debout et parlaient comme des hommes. Dans l'ensemble la vie se poursuivait normalement, donc.
Le conseil des régents d'Artasse fit donc la proposition suivante aux autres citées que l'on peut résumer comme suit :
1) Qu'en dépit de l'urgence, une réaction hâtive n'est point la meilleure ;
2) La disparition simultanée de trois dirigeants de villes ayant de forts contentieux historiques signale une organisation puissante et bien informée, avec un plan
3) Si nous nous lançons dans une guerre - avec quels hommes ? -, qui donc en profitera ? Certainement pas nous.D'où les conclusions suivantes : si les villes manquent d'hommes, nous ne manquons pas d'or. A l'inverse, les guildes d'aventuriers, spadassins et autres gens de sac et de corde, ont abondance d'hommes mais manquent d'or. Si tu vois c'que j'veux dire...
Il fut donc décidé que les aventuriers, héros et autres trucs de Nacridan seraient convoqués pour chasser les malandrins, contre force pièces d'or.
- Oui-da, mais pensez bien à ne payer qu'après livraison des gouverneurs, précisa l'archonte d'Artasse. Cela coûtera moins cher.
Sup' cancr' ! J'espère pouvoir écrire un truc ou deux de plus avant de me faire sortir par un crapaud géant
Bon, je vais me rendre sur place pour faire un contre-rendu des opérations (hache-tag Correspondant de guerre) (c'est bien ici pour demander un transfert, hein ?)
Jandar (n°9761)
***Fort-Liberté, siège du gouvernement de Tonak, le même jour, quelques heures auparavant***
- ... Et donc, si nous revenvendications pécuniaires ne sont pas répondues sous un jour favorable, nous nous vairons obligés, à notre grand regret, de prendre à l'encontre du susnormmé pol patine, votre dirigeant, des messures qui croyer le-bien, nous raipugnent très peu d'avance merci. signé : les "templiers du chaos".
Le Vice-Président de la Chambre du Peuple acheva sa lecture dans un silence catastrophé.
- Barbe de Makero, jura le Chancelier des Dames, qu'est-ce que cela signifie ?
- Que si l'auteur de cette missive veut se faire passer pour un illettré, c'est plutôt très bien imité.Tumulte dans la salle. Qui était absolument comble. Dès que la découverte sur un tas d'ordure des cadavres décapités, mutilés, voire légèrement mâchouillés de plusieurs des membres les plus vicieux de la garde rouge présidentielle -et la disparition du personnage lui-même- avait été signalée à l'Autorité, en l'occurrence le Vice-Président, de strictes consignes de silence avait été données, le temps de faire la lumière sur l'affaire et de recueillir de plus amples informations.
Moyennant quoi, dans la demi-heure, tout ce que la ville comptait d'individus au-dessus du rang d'attaché parlementaire était au courant et tambourinait à la porte de la Chambre, exigeant, réclamant, menaçant, voire demandant poliment, de pouvoir participer à la confusion ambiante.
Cédant devant la pression, et avisant avec inquiétude que certains députés du parti majoritaire parmi les plus remontés semblaient tout disposés à enfoncer les portes de sa demeure, le vice-président avait spontanément décidé de convoquer une réunion d'urgence en petit comité, en salle Pistache.
Moyennant quoi les hommes les plus puissants et les plus imposants de la première ville de Nacridan se trouvaient là en face de lui dans divers état d'affolement et d'énervement, généralement en même temps. Il y avait pèle-mêle et entre autre tous le Conseil des Vingt, le Directeur de la Banque Centrale, le Premier Ploutocrate de la Confédération des Marchands de Laitue, le Premier Président de la Cour des Bons Amis (lesquels faisaient les bons comptes de l'Etat), troisième personnage de la République, le Président de l'Université de Sciences Politique de Tonak, Danator le Bon, Archimage résident, le Surintendant du Guet et plusieurs de ces adjoints, plusieurs prêtres de haut rang, une dizaine de députés de la majorité dont la dispute feutrée et venimeuse avec autant de députés de l'opposition participait délicieusement au vacarme ambiant, et un nombre indéfini mais important de directeurs de services, prévenus par Dieux sait quel moyen mystérieux et occultes propre aux fonctions publiques du multivers.
L'un dans l'autre, tout ce beau monde formait la crème de l'élite de la cité, le fleuron de l'intelligence et du pouvoir, des hommes qui n'avaient jamais eu du mal à nouer une cravate le matin.
Ainsi que tout ensemble d'hommes civilisés placés devant une crise d'ampleur, ils tâchaient avant tout de répondre à l'urgence prioritaire qui précède la résolution du fiasco, c'est-à-dire la désignation d'un bouc émissaire à jeter aux journalistes pour couvrir leur fuite. Le Vice-Président se sentait une désagréable odeur de chèvre depuis quelques minutes, et regrettait de ne pas avoir la présence d'esprit de passer quelque chose par dessus sa robe de chambre.
- Ainsi donc nous n'avons aucune idée de ce qui a bien pu se passer ? fini par clamer l'Archimage Résident. Il est incroyable qu'on puisse enlever ainsi le premier magistrat de la ville ! Allons donc tous nous faire tuer dans nos lits par des assassins à la solde d'Artasse ?!
- S'il vous plaît, messieurs du calme ! répliqua le Vice-Président, qui entendait déjà claquer les mâchoires des crocodiles. La situation est encore un peu confuse, mais Monsieur le Surintendant du Guet, a qui la sécurité des biens et personnes de la Ville incombe avant tous, va se faire un devoir de vous exposer la situation.Les regards se concentrèrent sur le Surintendant, ce qui était d'autant plus facile que c'était un nain. Les crocodiles en firent, métaphoriquement, autant.
- Messieurs ! S'il vous plaît ! Voici ce que nous savons : il y a de cela quelques heures, une patrouille de routine du guet, dirigée par le sergent Jacques Jobart, un homme des plus fiables, a découvert sous une bâche dans la ruelle dite "des Crustacés Malades", quartier de la Petite-Tourterie, trois macchabées fort dégradés d'apparence, et manifestement plutôt frais. Routine dans une ville à la vie intense comme l'est Tonak, vous en conviendrez, Messieurs, n'eu été l'uniforme encore reconnaissable de garde du palais qu'ils revêtaient encore. Le sergent a immédiatement prévenu son supérieur hiérarchique direct, le lieutenant de police de permanence, M. Mufle, qui s'est informé de la situation avant de conférer avec le capitaine de service dès le réveil de celui-ci. Puis j'ai moi-même prévenu M. le Vice-Président après qu'il soit apparu que M. le Président Patine n'était pas au Palais des Dames et n'avait pas été vu non plus de la soirée à... hum... - le Surintendant fit une pause gênée- la maison où il était attendu ce soir. Hum. Nous avons de fortes présomptions selon lesquelles M. le Président Patine aurait été soustrait à l'amour de son peuple bien-aimé, soit assassiné, soit retenu en otage dans une lieu encore inconnu. M. le Vice-Président de la Chambre, qui est désormais responsable de tout ce qui concerne le devenir de notre belle cité en ces temps dramatiques, a accepté dès son réveil de se rendre à mes conclusions et des mesures d'urgences ont immédiatement été prises.
- Et en quoi consistent-elles, enfin ? s'exclama-t-on
- Pour ne pas éveiller l'inquiétude de la population, répondit posément le Vice-Président, le couvre-feu a été aussitôt déclaré et plusieurs escouades du guet sont actuellement en train de chercher M. le Président, en toute discrétion, dans l'enceinte de la cité, procédure qui nécessite de brandir des torches et de fracasser quelques portes dans le quartier pauvre, ai-je ainsi cru comprendre. Par ailleurs, j'ai pris la liberté de m'assurer de la personne de M. le Chef de l'Opposition, qui est actuellement soumis à la Question ordinaire et extraordinaire dans les basses-fosses de la prison municipale, de sorte d'écarter au plus vite les soupçons j'en suis convaincus infondés qui pèsent sur lui.
Les individus présents acquiescèrent gravement - c'était là l'évidence même. La conférence reprit après quelques minutes d'interruption due à l'expulsion de quelques députés d'opposition de mauvaise foi.
- Je suis certain que les regrettables suspicions qui pèsent sur les éléments contre-républicains, je veux dire, nos honorables collègues parlementaires, seront bientôt éclaircis... oui, M. le Premier Président ?
- Oui, voilà, qu'allons-nous faire au sujet des perfides envahisseurs qui ont souillé la souveraineté nationale de la République une et indivisible ? Nos troupes doivent faire mouvement vers Djinn (murmure approbateur) et faire valoir notre bon droit en saccageant cette ville impie (applaudissements enthousiastes) et contre-révolutionnaire ! M. le Vice-Président.
- Quelqu'un a-t-il déjà lâché les journalistes dans la salle ? Non ? Ah... oui, eh bien, évidemment, en réalité, voyez-vous, cette missive dont je vous ai fait la lecture tantôt et retrouvée sur le cadavre d'un des gardes présidentiel tend à exonérer Djinn de l'enlèvement de notre bien-aimé Président. Il faudrait plutôt incriminer cette organisation, là, les "Templiers du Chaos".Silence.
- Oui, bon, d'accord, soit, mais est-ce qu'on peut saccager Artasse au moins, alors (applaudissements enthousiastes) ?
*** Plus ou moins le Cinquième Jour de la décade de la Chouette Commerçante, datation d'Earok, dans un lieu inconnu ***
Paul Patine, au civil le Très Juste et Honorable Président du Conseil des Vingt de Tonak, n'était vraiment pas un président du conseil heureux.
D'abord, une migraine persistante lui martelait le crâne. Ensuite, ses mains et ses pieds étaient étroitement liés par une forte corde, et enfin, à son grand déplaisir, il se trouvait dans une petite pièce plutôt malodorante avec deux personnages qui ne lui disaient rien du tout ; ce fourbe de régent d'Artasse et cette sournoise de première magistrate d'Earok, tous deux tyrans d'un genre peu fréquentable pour un digne républicain qui ne devait son élection au pouvoir suprême qu'à un peu d'honnête prévarication et népotisme.En plus leur présence avec lui, pareillement attachés au mur, les exonéraient de toute participation à son enlèvement - "probablement", ajouta néanmoins par devers lui le vieux politicien.
Cela étant, si ce n'étaient ni les fourbes d'Artasse ni les sournois d'Earok, c'était donc qu'il fallait chercher les coupables du côté de l'opposition : d'abord, des gens qui professaient une politique pareille étaient capable de tout, même de s'allier avec Artasse, et ensuite, après tout, qui d'autre pouvait savoir que le dirigeant tant aimé de Tonak la vertueuse aimait à se distraire des lourdes charges du pouvoir à la Plume d'oie, maison d'affection négociable et de bonne compagnie cis voie des Demoiselles ?
Paul passa ainsi un temps assez agréable à envisager les nombreuses tortures qu'il ferait subir à ses ennemis politiques. Il était en train de songer à une obstruction assez vicieuse quand la porte du cachot s'ouvrit brutalement pour laisser entrer un hommes-lézard et deux brutes humaines de forte carrure qui prirent position à l'intérieur. Paul Patine étudia rapidement le plus grand d'entre eux. Vêtu d'un haubert uniformément noir par dessus une cotte de maille bien entretenue, comme ses compagnons, le lézard était impressionnant, en dépit d'une étonnante moustache blonde, manifestement postiche, et d'une balafre impressionnante qui ravageait son mufle écailleux. Voyant que le politicien l'observait, la créature lui adressa un clin d’œil et un sourire sibyllin. Il n'avait pas de très bonnes dents.
Aucun des trois ne portait d'arme. Mais un simple regard à la taille des crocs de la créature et aux avants-bras comme des jambons des humains suffisait à se convaincre que toute résistance était futile.
- Par tous les dieux et leurs enfers !! rugit une voix féminine, Etes-vous envoyés par Balthazar, ce fils de chienne ? Vous pouvez lui dire de ma part qu'il peut aller se faire *censuré, censuré* par des porcs ! Savez-vous au moins qui je suis, stupides !? Je suis Mélodie du Blanc-Mesnil, Première Magistrate de la cité d'Earok, et vous serez bientôt *censuré* par des trolls avant de vous *censuré*... !
Tandis qu'un de ses sous-fifres se dépêchait de remettre son bâillon à la femme, non sans mal car elle se débâtait avec violence en dépit des chaînes, le chef se tourna vers le maître tout puissant de la cité d'Artasse. Immobile, silencieux, ces yeux clignant lentement, ce dernier ressemblait de manière frappante à un lézard à face humaine. Il fit "hum" au bout d'une interminable minute, et ce fut tout. Paul Patine se demanda si la réputation d'intelligence sournoise d'Artasse n'était pas en fait de la stupidité. Ou alors faisaient-ils semblant d'être stupides, alors qu'en fait ils étaient intelligents ? Quelle bande de sournois, décidément...
- ... et des chaussures en peau avec votre peau, bande d'ordumffmfmfff..., miaula quelque part la dirigeante d'Earok, vaincue par les efforts des deux sbires de l'homme-lézard.
Celui-ci se tourna finalement vers Paul Patine.
- Si vous n'êtes envoyé par aucun de nos opposants, c'est donc que vous êtes au service de Djin ou de l'Izandar ? demanda ce-dernier.
L'homme-lézard ouvrit la gueule. La cellule retint son souffle.
- Hommes... !
- MMff
- Hommes et femme de Nacridan, apprenez-que vous êtes entre les griffes du capitaine Kirol ! MOuhahahaha.Silence.
- Enfin, du coup, ça, c'est moi, précisa l'homme-lézard. Ensuite, apprenez que je représente des ... intérêts qui en ont a vous voir... disparaître.
- Et pourquoi ces "trois petits points" intérêts désirent-ils cela ? s'étonna l'homme d'Artasse.
- Oh, ben, conquérir le monde, s'en mettre plein les fouilles, collectionner toutes les cartes pokémons, qu'est-ce que j'en sais ? Est-ce que c'est important tant qu'on me paye et que vous êtes assis là ? C'est business as usual, comme on disait à l'école, répliqua l'homme-lézard.
- Enfin, pouvez-vous au moins nous dire le nom de cette organisation ?
- Si fait. Ce sont les......... Templiers du Chaos ! (Les trois malandrins éclatent d'un rire rauque et maléfique visiblement travaillé à l'avance)Silence.
- Non.. mais allez, sérieusement, vous êtes qui ?
Absolument splendide
Athlan et Arxcos sont des archimages célèbres de l'université du visible d'Izandar.
Arnulf, fier rejeton du thanoak des Drunkenshield, membre estimable du clan de Nainkridain, était plongé dans une profonde contemplation du monde, son esprit acéré réfléchissant aux devenirs de l'espèce naine et à la nature de l'alcool. Une quantité appréciable de flasques vides rependues sur le sol de sa chambre témoignaient de la vigueur avec laquelle le jeune marchand avait cherché l'illumination.
Froissé dans un coin, un parchemin portait encore les mots, maladroitement tracés par une main plus habituée aux délicates fanfreluches des lettres elfiques qu'aux rudes empattements des runes naines : "en attendant que vous puissiez nous fournir les papiers réglementaires nécessaires pour l'ouverture de la taverne, veuillez, Maître Arnulf, considérer les échantillons ci-joint de nos produits à forte teneur en alcool comme un témoignage de notre considération. Dame Adah".
En nain poli, "maître Arnulf" n'avait pas manqué d'honorer sa commanditaire en témoignant aux produits fournis une analyse approfondie. Il ne s'agissait pas, en effet, de laisser sa signature au bas de documents pour l'ouverture d'une "taverne naine de tradition" (définie comme telle au sens des articles 748662-bis et 785495-ter du Code Général des Débits d'Alcool et de Bière (CGDAB, ordonnances de 95) sans contrôler auparavant la qualité des breuvages dispensés par la future taverne.
Ceci explique pourquoi, plongé dans l'intense réflexion juridique que nous venons d'expliciter, le nain n'entendit pas les trois ruffians qui s'infiltrèrent sournoisement dans sa chambre, au premier étage de la banque de Bled. Par contre,il sentit, au premier abord, les grands coups de poignard qui plongèrent dans son dos, et très bien, encore.
- PAR LA BARBICHE DE MA MERE !! beugla-t-il en se retournant brusquement.
Le spectacle qu'il découvrit alors était sans équivoque. Encadré par deux elfes faméliques et sales, un nain à demi-nu, crasseux comme pas deux, regardait d'un air piteux sa main : ses coups abondants avaient rebondit sur la cuirasse de qualité du marchand, qu'en bon nain il n'ôtait jamais. Les sourcils broussailleux d'Arnulf se froncèrent de terrible manière, et les faquins se reculèrent prestement, de peur de recevoir un mauvais coup.
- Que le marteau de Hort t'écrase, misérable ! Non seulement tu attaque un nain, mais en plus tu collabore avec des elfes ??! rugit Arnulf, au comble de l'outrage, foudroyant du regard le barbare. Ta pauvre mère doit te renier et ton père n'entrechoquera plus sa chope avec toi, traitre ! gobelin ! sans-marteau !!! semi-elfe !!
Mais toute cette colère et agitation avait fait couler, sur le front d'Arnulf, un épais sang rouge. Ce que voyant, et pris d'un soudain malaise, lié à la présence de plusieurs couteaux aux défauts de son armure, le jeune nain prit une décision courageuse. Avisant que la porte était fermée par les malandrins de l'Union Obscure - il les reconnaissait comme tel, désormais, même si la présence d'une elfe à l'air canaille, qu'il aurait juré être de cet ordre de paltoquets qu'était les soit-disant "Légendes"* était parmi eux - il sauta courageusement à travers la fenêtre, et fila dare-dare s'abriter dans le temple le plus proche, à l'instant même où une demi-douzaine de guerriers nains du Clan se manifestait dans l'ère de téléportation.
Arnulf sourit largement. Les obscurs n'allaient pas tarder à recevoir la monnaie de leurs pièces.
* Plutôt des fabliaux en réalité, si vous vouliez son avis.
La Croisée
Le bourg de la Croisée est célèbre pour son emplacement privilégié au centre de trois des principales routes qui conduisent au nord de l'Ile. En partant de la Croisée, on peut aisément atteindre l'Izandar, Djin ou Krima, voire le village commerçant de Marché-aux-Ducs - les meilleures armes de toute l'Ile (tm) !
De ce fait, la Croisée a historiquement été un lieu particulièrement convoité. Passé sous la domination de l'Izandar pendant trois siècles, la ville de la Croisée fut puissamment fortifiée, à la fois contre Krima et contre Djinn. Néanmoins, les impératifs commerciaux et politique ont contribué, après en avoir fait une ville fortifiée, à lui accorder un statut unique de ville partagée : Krima et Djinn s'étant finalement entendues contre l'Izandar, les Vystroses de Djin et les Aerynals de Krima s'unirent par les liens du mariage - une des rares unions entre elfes et humains - pour exercer conjointement un certain contrôle sur la ville.
Ainsi, les Chevaliers-Publicains de Djinn y entretiennent encore une puissante commanderie, et ne manquent aucune occasion de châtier par le fer et le feu ceux qui contreviennent à l'Impôt tandis qu'un impressionnant temple de l'églantine orne le centre du bourg, association bien commode puisque les mauvais payeurs forment un intéressant complément aux volontaires pour les sacrifices rituels imposés par le culte de l'églantine noire et de l'arbre blanc, religion dominante à Krima.
Jandar Poing Véloce (9761) : La garde esquive et ne meurt pas
"La première fois est toujours - toujours ! - la meilleure. Après, on ne retrouve jamais la même saveur, exactement, cette impression de joie, cette certitude que tout ira pour le mieux. Souviens-t-en, jeune pwadavoine*! Et grave dans ta mémoire à jamais l'instant où tu réussira pour la première fois ! D'autant que rien ne dit que le second coup ne passera pas ta Garde..."
Ainsi parla notre maître estimé lors de notre dernier cours à l'Académie des Nobles Arts de la Lutte et du Combat d'Earok - la Maison Rouge, comme nous autres étudiants l’appelions. Depuis six semaines, la trentaine de jeunes que nous étions s'étaient entrainés sans relâche ni trêve à l'art de l'esquive et de la garde. Bouclier haut, bouclier bas, posture de l'Homme-Lézard, posture du Troll, parade de la fée... avec une armure de cuir, avec une armure d'écaille, sous la pluie, sous le soleil, sous les jets de pierre que nous décochaient les instructeurs pour tester nos réflexes. Une fois, des kobolds armés de bâtons et de couteaux avaient été lâchés sur nous ; je m'en était tiré avec plusieurs côtes salement froissées et une vilaine estafilade au bras. C'est le métier qui rentre. D'autres n'avaient pas eu autant de talent ou de chance. Selon la tradition, nous les enterrâmes derrière le bâtiment, mais peu prirent le temps de les pleurer.
Nous avions tous payé trop cher le privilège d'entrer à la Maison pour perdre du temps en vaine lamentations. c'était un accident malheureux comme il en arrive. La vie n'est pas tendre avec les maladroits et les idiots. La majorité d'entre nous n'en travaillèrent que plus dur.
Le sur-lendemain de ce jour, les appariteurs vinrent nous trouver à l'aube dans le dortoir commun. Ils nous menèrent jusqu'à l'arène, au sommet de la Maison. Vous étiez là, par ce matin brumeux, monsieur le Doyen - je me souviens du pourpre de vos habits, de nos professeurs en toge écarlate, des sous-maîtres céladons, et des nouveaux pwadavoines en tunique de jute brune, qui nous regardaient depuis les gradins. Je me souviens du grincement métallique des portes de l'arène. Je me souviens du sable giclant sous les multiples pattes de la fourmi guerrière chargeant droit dans la direction.
Devant moi, un jeune elfe famélique tourna soudain les talons, et tenta de plonger sur le côté pour éviter le monstre. En un éclair, une patte tranchante plongea dans son dos, l'éviscérant brutalement. Un cri hideux, trémulant, de bête blessée brutalement interrompu accompagna sa mort.
Un nain mal positionné fut piétiné sans la moindre hésitation. Du coin de l’œil, j’apercevais d'autres formes noires se ruer à l'attaque, et mes compagnons esquiver ou mourir.
La bête était sur moi. Ses mandibules visaient ma gorge découverte. Dans quelques secondes, ma peau serait déchirée, le sang giclerait écarlate sur le sol, et ma vie s'enfuirait. Je serais mort comme j'avais vécu, anonyme et seul.
La bête était sur moi. La peur, la peur affreuse qui m'avait serré le cœur toute la matinée me quitta soudain. Comme dans un rêve, mes muscles se coulèrent dans la position de la fée, bouclier levé, dague en position d'arrêt. Une odeur de chitine et de sang, âcre et métallique, me frappa comme un poing. Je pivotais, accompagnant le coup sans y céder, me glissant souplement sous la fourmi guerrière, et tandis que je plantait ma lame dans son abdomen découvert, je sus que j'avais réussi ma Garde.Finalement, notre maître s'était trompé, estimé doyen. La première fois n'est pas la meilleure. Aujourd'hui, quand je vois l'épée longue de ce lourdaud de guerrier des Légendes qui s'écrase sur ma rondache à chaque attaque qu'il me décoche, quand je vois le désespoir qui envahi son regard quand je plante ma dague entre ses côtes, quand je danse autour de mes ennemis en riant de leur lourdeur et de leur balourdise, quand leur arrogance s'écrase sur ma Garde, eh bien, chaque fois est meilleure que celle d'avant.
En vous souhaitant, estimé doyen, de marcher longtemps en la Lumière d'Arryn,
Jandar de Dust, promotion Nidaîme 905E4
*terme elfique obscur désignant selon le contexte un apprenti, un stagiaire, un imbécile naïf ou une plante verte.
Le cerf a hurlé toute la nuit.
Il y a eu des cris, des cavalcades effrénées, des appels terrifiés, le son du fer frappant la chair, et le bruit sourd d'épaisses bottes naines martelant le sol dans une course éperdue. Les habitants du petit bourg se sont tus, dans leurs maisons aux portes barrées, priant les seigneurs de la forêt derrière leurs volets disjoints que la lueur des incendies colorent d'écarlate et d'or.
Au petit matin, quand ils sont sortis, doucement, prudemment, clignant des yeux comme des hiboux insomniaques dans la lumière du jour, il ne restait plus trace du combat.
Le groupe d'aventuriers qui avaient commencé toute cette affaire était arrivée trois jours plutôt, posant leurs grosses bottes à la Taverne du Nain qui Boite. Il y avait un nain au gros nez, bourru et rustre, accompagné de quelques camarades, deux mages et une chasseresse elfique. Un puissant Feu Fol les accompagnait. Au début, il n'avaient pas posé trop de problèmes : la ville de Pyrecerf est sous protection de l'Union Obscure, chacun le sait.
Le syndicat aime que tout soit en ordre sur ses terres, et que les voyageurs qui empruntent sa route fassent preuve du respect du à leurs hôtes. Mais, parfois... parfois, certains ne sont pas respectueux. Ils ne voient pas de château-fort, pas de bannière pompeuse claquant au vent, alors ils pensent qu'il n'y a pas de règle.
S'ils ont de la chance, ils remarchent un jour. Sinon, ils tombent sur Morllyn.
Les aventuriers ont cru cela, hélas. L'un d'entre eux, le nain, chercha les ennuis. Ivre de trop de bière au sortir de la taverne, sans doute, il s'en pris sans considération à une jeune syndiquée, bien moins expérimentée que lui. "A triompher sans gloire, on évite les mauvais coups", dit un proverbe Izandarien. A ceux qui lui demandait raison de son acte, il répondit le verbe haut et la bouche pâteuse, plein d'arrogance et de mépris. Ces camarades, plutôt que de désavouer le malappris, lui témoignèrent du soutien.
Quand les habitants de Pyrecerf eurent vent de l'histoire, ils se hâtèrent de s'enfermer chez eux.
La nuit tomba vite. Et des ombres se glissèrent en ville, l'acier au poing et le meurtre au cœur.
Le nain ne prit pas la peine de reproduire ses hautes paroles en voyant soudain briller l'acier froid autour de lui : tournant le dos à son destin, sa course fut si rapide qu'il ne laissa derrière lui qu'une vague odeur de peur ! Suivant son brillant exemple, le mage destructeur, fut courageux mais pas téméraire : jetant son Feu Fol sur la trajectoire de la maîtresse de l'Union, il se rua de toute la force de ses jambes jusqu'au téléporteur du temple, laissant derrière lui ses alliés essuyer à sa place son justement châtiment.
C'est dans le sanctuaire du Temple que Xalith le guérisseur fut abattu, alors que, voyant la mort approcher, il ... eh bien, il cousait encor' le lin que l'Union lui avait récemment vendu. On est bien peu de choses. Et c'est dans le village que Lanaria tomba.
Les bonnes gens de Pyrecerf peuvent dormir tranquille : au centre de la place pendent un mage et une archère. Ils pendent, pendent dans le vent...
Le calendrier est disponible sur l'ancien site de développement, il me semble, Aé pourra t'y inscrire sans peine, je pense
Ok pour un calendrier lunaire (la lune étant Arryn, sur Nacridan). Je vais voir à développer un peu la cosmologie de Faerin pour rajouter quelques étoiles.
l'idée pourrait être de faire un calendrier cyclique découpé par périodes de temps liées à l'apparition ou la disparition de corps célestes (lune, soleil, étoiles ou planètes diverses), et qui pourrait s'étaler sur deux années artassiennes standard (ce qui permet de justifier la réputation des doranes de vivre moins longtemps, puisque leurs années sont deux fois plus longues)
Les mois elfiques ont déjà des noms
Les 365 noms de fleurs sont liées au modèle de ce calendrier, le calendrier républicain (qui donne un nom à chaque jour !)
Pour le calendrier Dorane, la lune pourquoi pas, mais c'est initialement un peuple marin, il pourrait être intéressant de faire en sorte que leur calendrier ancestral ait un lien avec cette origine (dans les noms ou dans la forme : quel décompte du temps peut intéresser un peuple vivant sur l'eau et n'ayant pas, comme le calendrier Artassien, un rapport étroit avec l'agriculture ?)
Concernant les nains, ta remarque est tout à fait vraie... mais évidemment, pour un peuple qui vit majoritairement à des mètres sous la roche, la position du soleil n'est pas capitale
Je ne vois aucune objection pour les dates Artassiennes et le calendrier Krimien. Il va juste me falloir trouver 365 noms végétaux pour les jours elfiques
Mais du coup, ça veut dire que je dois trouver un calendrier dorane ? ^^
Salut,
Le seigneur des sept enfers n'a pas de nom connu ; dans son univers, il est le chef de la fraction impérialiste dans le gouvernement démoncratique. La conquête de Nacridan était un moyen pour lui d'acquérir du pouvoir dans son propre monde et, ultimement, d'être élu à la magistrature suprême, mais, globalement, son plan a échoué. Il est actuellement coincé dans le Nord avec une partie de ses armées, sans pouvoir franchir la barrière magique établie à la fin des guerres démoniaques qui ont ravagé Nacridan il y a vingt ans de cela.
Les portails sont trop faibles pour transporter des démons puissants ou en grand nombre dans le Sud de l'île, c'est pourquoi on ne les verra que dans le Nord ! Mais le seigneur des sept enfers s'en sert pour "transporter" des monstres à proximité des populations, pour désorganiser et les affaiblir. Il espère ainsi gagner du temps et trouver un moyen d'abattre la frontière.
Les démons qui forment son armée sont de plusieurs types : une grande partie vient du cœur des sept enfers, et forment le gros de ses troupes : une infanterie lourde disciplinée et combative. On trouve divers types d'officiers, purement combattants ou également magiciens, que nous appelons Tribuns et Légats. Plusieurs légats sont connus, en particulier Glavius et Coturne, qui sont les Cornes du Démon, les deux officiers les plus hauts gradés de l'armée après le Seigneur.
Quand j'aurais le temps, je mettrais une petite fiche sur les démons, de la même manière que pour les hommes-lézards.