ATTENTION, ceci est un texte provisoire. Il sera retravaillé par la suite, notamment en suivant les retours de la communauté.

Comme tous les jeux, Nacridan a simplement pour but la détente et la bonne humeur. Après de nombreuses années de pratique de ce genre de jeu, nous savons que l'on peut parfois rencontrer des difficultés à apprécier pleinement le jeu quand tout ne se passe pas comme prévu. Or, il est certain que sur un long temps de jeu des événements désagréables vont survenir, par exemple une suite d'actions ratées, une discussion tendue avec d'autres joueurs, la mort d'un personnage, etc. Nous proposons ici quelques bases qui permettent de diminuer le côté désagréable de ces événements, voire même de les apprécier.

Il est connu que le théâtre peut contribuer au développement personnel des acteurs. Il est bien moins connu que le jeu de rôle induit les mêmes effets, mais c'est pourtant le cas, pour peu que le joueur soit intéressé par cet aspect.

Le jeu de rôle est avant tout un jeu. Si vous vous apercevez qu'il devient un fardeau, alors il vaut mieux arrêter ou réfléchir à un moyen de changer cette perception. De plus, en gardant à l'esprit que ce n'est qu'un jeu, il peut être plus facile de relativiser : votre personnage vient de se faire voler, c'est gênant dans le jeu, mais rien n'a disparu dans la vie réelle. Et vous avez bien de la chance, car de nombreuses personnes se font effectivement voler dans le monde réel. Les situations désagréables dans le jeu constituent un moyen parmi d'autres pour apprécier pleinement la chance de notre situation dans le monde réel. On a facilement tendance à oublier que malgré les quelques problèmes de notre vie quotidienne, elle reste dans la plupart des cas bien meilleure que celle de millions de gens.

Le jeu de rôle est également un rôle, que vous pouvez ou non jouer pleinement. Bien sûr, pour jouer un rôle le mieux possible, il faut s'immerger dans l'univers en question, se sentir dans la peau du personnage de manière à pouvoir imaginer naturellement des répliques et des réactions "RP". Cependant, il faut toujours se souvenir que votre personnage n'est pas vous. Plus vous ferez la distinction entre votre personnage et vous-même, mieux vous jouerez votre rôle, car il ne sera pas parasité par des éléments IRL. De la même façon, quelles que soient les actions et paroles des autres personnages, il faut essayer de les interpréter comme les actes et paroles du personnage et pas du joueur. En faisant cela vous éviterez de garder rancune à quelqu'un pour un vol, meurtre etc. Il a juste "joué le rôle" du méchant. En général, cette distinction entre joueur et personnage vous ramène dans un esprit de jeu, et vous écrivez naturellement des répliques légères, voire comiques à un certain degré. Ainsi vous appréciez mieux le jeu, et ceux que vous croisez également.

Les jeux de rôles en temps réel comme Guild Wars ou Warcraft rendent plus difficile cette séparation entre personnage et joueur. En effet vous êtes happé par le flot des actions, tout va très vite et le recul est plus difficile. Dans un jeu au tour-par-tour comme Nacridan, vous avez en général le temps de relire votre réponse. Si un comportement ou des paroles vous heurtent, vous avez la possibilité d'y réfléchir un peu avant de répondre.

De plus, les tour-par-tour sont bien plus en accord avec une vie épanouie que les temps réel, car ils laissent beaucoup plus de temps IRL. Faites tout de même attention, la dépendance est à peu près aussi forte. Par exemple, si vous sentez que vous délaissez une personne importante IRL juste pour jouer votre tour, alors il est temps de faire une pause.

Pour ceux qui aiment l'introspection, ou qui ont des difficultés à gérer leurs émotions, un univers virtuel comme celui de Nacridan est un parfait terrain d'essai. D'abord parce que c'est un espace "protégé" : si vous dérapez émotionnellement à cause du jeu, vous prononcerez peut-être des paroles acides à travers votre personnage, au pire vous abimerez votre ordinateur, mais la communauté reste protégée de vos actes physiques.

Ensuite, le côté "tour-par-tour" laisse de l'espace pour prendre conscience de notre état émotionnel. Dans la vie réelle, ou bien dans un jeu en temps réel, quand nous baignons dans l'agitation environnante, la plupart du temps nous ne pensons pas à observer ce qu'il se passe en nous. Dans un tour-par-tour, la structure même du jeu nous empêche de nous perdre dans l'agitation. Si nous jouons en étant tranquillement installés chez nous, alors nous avons la liberté de d'observer notre état intérieur, si cela nous intéresse.

De plus, le fait que "ce n'est qu'un jeu" aide à calmer les émotions désagréables puisqu'on peut relativiser les résultats de nos actions. Par exemple, si on rate dix fois de suite une action que l'on a neuf chances sur dix de réussir, cela peut créer de l'énervement. Mais on peut aussi noter que c'est un sacré record, et l'énervement se transformera alors en sourire amusé, surtout si on partage le "record" avec la communauté.

Enfin, un univers virtuel permet de goûter à des émotions difficilement accessibles dans la réalité. On peut devenir un roi, un guerrier légendaire, ou un tueur en série. En s'immergeant dans le monde virtuel, on ressent les émotions liées à l'évolution de notre personnage. On peut en profiter pour observer l'attachement que nous avons vis-à-vis de notre personnage. En général plus le personnage est puissant, ou connu, et plus nous sommes attachés à sa position sociale. C'est alors un excellent terrain d'entrainement pour observer que cette position sociale, cette richesse ou cette puissance n'est pas forcément lié à notre bonheur. C'est seulement un bonus agréable. Si nous arrivons finalement à être joyeux et paisible lorsque notre personnage perd tout, alors il y a de forte chance pour cette stabilité intérieure ait une influence positive dans la vie réelle.

Voici un exemple d'exercice simple qui aide à apprécier le moment présent :
L'idée est de suivre la respiration pendant quelques secondes, en ajoutant une autosuggestion sur l'inspiration et sur l'expiration.
1) Sur l'inspiration vous prenez conscience de votre corps physique, le contact des pieds sur le sols, des muscles tendus, etc. Pour aider cette observation vous pensez : "Conscience du corps", ou simplement "Conscience". Sur l'expiration, vous relâchez tout votre corps. Pour vous aider vous pouvez sourire aux différentes parties de votre corps et penser "Détente du corps" ou "Détente" ou encore "Sourire".
2) Après avoir pratiqué le point 1) quelques secondes ou quelques minutes vous pouvez changer de sujet de concentration. Par exemple, vous pouvez observer la chance que vous avez d'être en vie dans le moment présent. Sur l'inspiration vous pensez "Moment Présent", sur l'expiration vous pensez "Moment Merveilleux". Ou plus simplement "Présent" sur l'inspiration et "Merveilleux" sur l'expiration.

Ces petites méditations sont très flexibles, vous pouvez adapter les autosuggestions à vos besoins. Vous pouvez les pratiquer n'importe où et n'importe quand : au travail, dans le métro, dans la voiture, le soir avant de dormir, etc.

Il existent de nombreuses voies pour apprendre à calmer son stress, à se connaître mieux et à interagir plus facilement avec le monde. Voici quelques pistes testées par l'esprit curieux de l'un des fondateurs de Nacridan 2.
Des exemples de pratiques modernes
- La communication non-violente (CNV) : un protocole de discussion conçu pour la gestion des conflits à travers la compréhension de l'autre et de soi-même.
- Mindfulness-Based Stress Reduction (MBSR) : développées dans un cadre médical aux Etats-Unis pour lutter contre le stress. Pour une première approche sur la "Pleine Conscience", le lecteur curieux est invité à lire ce document. C'est un rapport de TPE qui fait le tour des différents aspects : définition, influence sur le cerveau, utilisation actuelle dans le monde. Il présente également une expérience intéressante de l'application de ces pratiques dans une classe de CE2.

Des exemples de pratiques traditionnelles non dévotionnelles
- La Pleine Conscience dans le bouddhisme zen : une des sources d'inspiration pour la création de la MBSR. La communauté du Village des Pruniers est un bon exemple de lieu de pratique et d'enseignement pour cette voie.
- Le Yoga, pas au sens moderne, mais au sens traditionnel : l'étude en profondeur des Yoga Sutra de Patanjali, par exemple avec la traduction de Frans Moore. L'étude du yoga inclut bien-sûr le yoga postural vulgarisé en occident, à étudier en adaptant en douceur à ses capacités, de préférence avec un professeur.